Donaueschingen, mon plus beau souvenir d'intervention scolaire !
photo tirée de la notice wikipedia sur Donaueschingen
Donaueschingen :
mon plus beau souvenir d'intervention scolaire !
(texte à démarreur)
Je me souviens de Donaueschingen, situé dans le Bade-Wurtemberg, en Allemagne, aux frontières de la Suisse allemande et à quelques encâblures des sources du Rhin.
Je me souviens qu'il était compliqué d'y aller en train : changement à Kehl, à Offenburg, et quelque part ailleurs encore.
Je me souviens que, sur le quai de la gare d'arrivée, une ribambelle d'élèves français ou francophones m'attendaient avec un panneau portant mon nom et un petit bouquet de fleurs.
Je me souviens qu'ils m'ont emmenée jusqu'au collège français, à une centaine de mètres de là.
Je me souviens que la classe était décorée avec des guirlandes et des lampions, et la prof ravie de me rencontrer enfin : elle voulait une intervention d'écrivain depuis fort longtemps et c'était sa première fois. Moi aussi !
Je me souviens à peine de l'intervention en elle-même, sinon que tout s'était bien passé et que tout le monde riait de plaisir et ne voulait pas sortir au moment de la sonnerie.
Je me souviens d'un déjeuner à la cantine, avec d'autres enseignants et le proviseur.
Je me souviens que ledit proviseur avait été en poste au lycée de Montgeron, où moi j'avais été élève, quelques années auparavant.
Je me souviens que mon train n'était qu'en fin d'après-midi et que l'on me fit conduire à travers rues par une ancienne du collège, une Française mariée à un Allemand et vivant là depuis longtemps.
Je me souviens qu'après un tour en ville très circonstancié, ma guide me mena dans le parc du château des princes de Fürstenberg.
Je me souviens d'une sorte de bassin rond où elle m'invita à me pencher du haut d'un escalier.
Je me souviens qu'il y avait de l'eau qui bouillonnait légèrement, par moments, en contrebas.
Je me souviens qu'elle m'invita à regarder de près ce que faisait l'eau.
Je me souviens que l'eau pétillait en bulles qui remontaient lentement, presque à regret, depuis le fond vers la surface.
Je me souviens de m'être étonnée : qu'est-ce que c'était ?
Je me souviens que la dame me dit : c'est l'une des sources du Danube !
Je me souviens qu'elle me mena ensuite un peu plus loin dans le parc, où de petites rigoles d'eau jaillissaient ici ou là et couraient se rejoindre dans les bois : les autres sources du Danube. Mais la première, qui bullait vers le haut, quelle merveille !
Je me souviens d'avoir pensé aux sources de la Loire, la vraie et l'authentique, au pied du mont Gerbier, où j'allais souvent autrefois.
Je me souviens que des élèves étaient venus nous retrouver à la gare pour mon départ, avec des chocolats et des livres à me faire dédicacer : j'ai failli rater le train !
Je me souviens d'avoir attendu dans le froid, à Offenburg, ma correspondance retour.
Je me souviens que je m'étais dit que je retournerais à Donaueschingen !
Je me souviens que, la prof étant partie l'année suivante, on ne m'invita plus à retourner dans ce collège pour élèves français fils de militaires. Et petits locaux francophiles.
Je me souviens que cette découverte du Danube -Donau tout bébé et que cette intervention délicieuse m'ont marquée à jamais.
Je me souviens que j'avais vu l'embouchure du Danube, côté roumain, sur la mer Noire ; et que j'y avais pêché la grenouille au petit bouchon et au feutre rouge dans le dédale des îles et des bras de l'immense fleuve!
Je me souviens qu'une fois revenue de Donaueschingen, je me suis jetée sur le beau livre de Claudio Magris, « Danube/ Danubio ».
Je me souviens que j'ai toujours envie de revoir, à Donaueschingen, les sources dans le parc du château !
Je me souviens qu'il faudra me souvenir d'y retourner...
© Chantal Robillard
(photo tirée également de la notice wikipedia)